— la mémoire du rail — Cette série explore la trace laissée par un siècle de chemin de fer franco-éthiopien entre Addis-Abeba, Dire Dawa et Harar. À travers les visages de celles et ceux qui ont vécu autour du train — anciens cheminots, familles, enfants, serveuses, passants — résonne l’écho d’un monde révolu, celui du temps où le rail faisait battre le cœur du pays. Derrière la gare d’Addis-Abeba, le club de pétanque des anciens demeure comme un lieu suspendu, un point de rencontre entre deux cultures. Ces images témoignent de la mémoire vivante d’un héritage partagé, entre fierté, oubli et silence des rails. 1894 Ménélik II accorde à une compagnie franco-éthiopienne la concession du chemin de fer reliant Addis-Abeba à Djibouti. Le rêve : ouvrir l’Éthiopie sur la mer. 1902 Le rail atteint la plaine de Dire Dawa. La ville naît autour des ateliers et des maisons des cheminots. On y parle français, on y joue à la pétanque, on y partage un thé épicé sous le soleil. 1917 Le train arrive enfin à Addis-Abeba. La ligne devient l’artère vitale du pays, un lien d’acier entre deux mondes. 1959 Un traité franco-éthiopien confirme la coopération autour du réseau et fixe l’expiration de la concession pour 2016. Le chemin de fer est un bien commun, à la fois éthiopien et français. 1981 La Compagnie du Chemin de Fer Franco-Éthiopien devient la Compagnie Djibouto-Éthiopienne. L’âge d’or s’éloigne ; les rails grincent, mais la fierté demeure. Années 2000 Les trains se raréfient, les gares se vident. Derrière “La Gare” d’Addis-Abeba, les anciens cheminots continuent de se retrouver au club de pétanque, vestige vivant du lien franco-éthiopien : boules cabossées, thé brûlant, éclats de rire et souvenirs d’atelier. 2012 Je rejoins ces hommes entre Addis-Abeba, Dire Dawa et Harar. Leur mémoire raconte un siècle de travail, de fraternité et d’héritage. Les trains se sont tus, mais l’écho du rail résonne encore.